Des temps difficiles pour MindGeek ! La société mère, comme Pornhub, fait face à une plainte pour avoir diffusé sur Internet des vidéos sexuelles sans le consentement des personnes qui y apparaissent. Dans la plainte, il est même question de “traite des êtres humains”.

Plainte civile contre MindGeek pour diffusion de vidéos sexuelles sans consentement

MindGeek est l’un des grands acteurs de l’industrie pornographique. RedTube, Brazzers ou sont quelques-unes des marques pour lesquelles l’entreprise internationale fait office de société mère.

Si MindGeek a déjà fait l’objet d’accusations sévères, notamment de délits, elle est aujourd’hui encore plus durement touchée. Car elle est définitivement dans le collimateur de la justice. Mais pourquoi ?

Un groupe d’avocats américains dirigé par Michael J. Bowe, ancien avocat de Donald Trump, a déposé une plainte civile contre MindGeek auprès du tribunal de Californie. Les plaignantes sont 34 femmes qui accusent l’entreprise d’être impliquée dans la diffusion de vidéos sexuelles par des tiers sans le consentement des personnes qui y apparaissent. Il s’agit d’une forme de “traite des êtres humains”, comme le précise la plainte.

Selon les plaignantes, la participation de MindGeek à l’infraction reprochée résulte du fait que l’entreprise autorise et même encourage le téléchargement des vidéos pornographiques correspondantes sur ses propres plateformes.

Le téléchargement illégal comme modèle commercial de MindGeek ?!

Bien qu’il s’agisse d’une action civile, une grande partie des reproches esquissés dans la plainte relèvent du droit pénal, y compris la participation au téléchargement de vidéos sexuelles sans consentement. Voici quelques-unes des autres infractions reprochées à MindGeek :

  • Promotion et diffusion de pornographie enfantine
  • Transmission de données privées
  • diffusion d’enregistrements privés à caractère sexuel
  • violation des lois fédérales contre le commerce du sexe
  • Diffamation
  • Concurrence déloyale

Les explications de Bowe et de son équipe montrent clairement que le téléchargement illégal de vidéos sexuelles pourrait être une sorte de modèle commercial de MindGeek. Ainsi, selon les lanceurs d’alerte, dans les rares cas où les accusés ont pu être contraints de retirer des contenus téléchargés, MindGeek re-téléchargerait systématiquement les vidéos correspondantes sur ses propres plates-formes pornographiques.

La plainte indique que la diffusion maximale de contenus non consentis est un élément central du plan commercial de MindGeek visant à devenir la première entreprise mondiale de pornographie en ligne.

Des sociétés de cartes de crédit également accusées

Les défendeurs sont, outre MindGeek lui-même, quelques filiales, le PDG Feras Antoon, les directeurs David Tassillo et Corey Price, ainsi que quelques investisseurs et sociétés de cartes de crédit.

C’est surtout à l’encontre de ces dernières que des critiques importantes sont émises. Dans la plainte, il est dit qu’ils “avaient une occasion unique de mettre fin à l’exploitation, mais qu’au lieu de cela, ils ont décidé d’en profiter également”. En conséquence, certaines lignes de la plainte peuvent être lues comme un avertissement à toutes les grandes entreprises financières de ne pas, ou du moins de ne plus, collaborer avec des entreprises pornographiques.

Un journaliste américain partage la plainte via Twitter

C’est Nicholas Kristof qui a rendu public le contenu de la plainte contre MindGeek. Le journaliste américain a partagé les informations via Twitter. Il avait déjà fait les gros titres le 4 décembre 2020, lorsqu’un article controversé qu’il avait rédigé sur différentes positions des groupes d’activistes anti-pornographie d’inspiration religieuse Exodus Cry et NCOSE avait été publié dans le New York Times.

C’est grâce à Kristof que l’on a appris qui étaient les plaignantes. Serena Fleites est la seule plaignante dont le nom est connu. Les 33 autres femmes ont souhaité rester anonymes et ne sont identifiées que par le pseudonyme “Jane Does 1-33”.

La plupart des plaignantes sont américaines, mais on trouve également des femmes britanniques, thaïlandaises et colombiennes.

Le paragraphe 230 protège MindGeek

Pour que MindGeek puisse effectivement être tenu responsable des téléchargements illégaux de vidéos sur ses propres plateformes, une exception à l’article 230 est nécessaire, selon la plainte. Celui-ci stipule en effet qu’aucun fournisseur ou utilisateur d’un service informatique interactif ne peut être traité comme un éditeur d’informations mises à disposition par des tiers.

En d’autres termes, si le paragraphe 230 s’applique, MindGeek n’est pas complice de ce qui est téléchargé sur ses propres plates-formes, tant que les téléchargements en question ne sont pas initiés par l’entreprise elle-même. Une exception à ce paragraphe est donc nécessaire pour que la plainte civile aboutisse. Reste à voir si cela se produira effectivement.